Maurice Charles Mathieu Bonvoisin dit Mars voit le jour le 26 mai 1849, au sein d’une famille aisée qui possède une filature de laine à Verviers en Belgique. Dès son plus jeune âge, il manifeste un talent inné pour le dessin et la caricature. Ses années d’études le conduisent de Liège à Lille. À l’âge de 22 ans, la perte de son père le conduit à prendre les rênes de l’entreprise familiale. Son entrée dans le monde de l’illustration se concrétise grâce à Draner, qui deviendra son ami, avec la publication de son premier dessin dans Le Monde comique en 1872. Son cercle d’amis artistiques s’élargit également à Félicien Rops, dont il devient collectionneur.
Au bout de huit années à diriger l’entreprise familiale, il laisse la gestion à son frère. Encouragé par le succès, il fait le choix de se consacrer entièrement à sa passion artistique et s’installe à Paris. Il contribue abondamment avec des caricatures au sein de journaux satiriques. En 1892, il publie un bel album de planches de dessins figurant les plages des côtes du Nord de la France, Normandie et Picardie. Dans Sable et Galet, Mars oscille entre la représentation du tourisme balnéaire naissant et la caricature de ces nouveaux estivants au milieu des pêcheurs et des matelotes. De Berck-sur-Mer à Boulogne-sur-Mer, en passant par Equihen et Etaples, ses vues côtières ravissantes décrivent des plages à la Belle Epoque, dont beaucoup ont été abimées par les guerres.
Mars fournit de nombreuses caricatures au journal satirique Le Charivari, des dessins d’actualité aux journaux illustrés parisiens tels que La Vie élégante, Le Monde Illustré et l’Illustration, notamment pour des visites officielles de souverains ou chefs d’état étrangers. Il se spécialise également dans les évènements mondains et la vie parisienne, et fréquente les salons chics. En 1893, à l’occasion de la visite de l’escadre russe en France, il la suit pendant tout son séjour et en fait un livre.
Dans son Dictionnaire des caricaturistes édité en 1900, Emile Bayard raconte la vie de son ami cher : « C’est un jeune homme blond, d’un blond sans mélange, qui nous reçoit en effet dans un élégant cabinet de travail, tandis que nous notons que Mars est né le 26 mai 1849 à Verviers en Belgique : nouvel étonnement. Ce dessinateur si parisien est Belge, du midi de la Belgique cependant. Est-ce que par hasard les Parisiennes si potelées du dessinateur ne seraient autre chose que de luxuriantes Flamandes… déguisées ! Mars fait très agréablement les frais de la conversation ; il est abondant, il nous jette des moissons de souvenirs que nous retenons à peine dans l’éclatante exubérance de notre hôte, l’œuvre de l’artiste se juge bien à travers l’âme joyeuse que reflètent ses yeux. Dès ses débuts, au lendemain de 1870, un rayon de soleil salua la venue de ce crayon facile et heureux. Il faut croire que jamais l’artiste ne connut ni les obstacles ni les premières luttes, car nos questions sur ce point demeurent sans réponse. On sent fort bien que Mars a oublié les heures de déboires, s’il en eut, pour ne parler que de son rêve réalisé ; c’est encore une coquetterie. Nous ne trouvons en effet aucun renseignement sur l’enfance de Mars dans les nombreuses monographies que nous feuilletons ; nous savons seulement que l’artiste se produisit tout seul, sans maîtres. »
En 1882, Il s’installe définitivement à Paris, laissant l’entreprise familiale de filature, pour laquelle il sillonnait l’Europe depuis 1871, à son frère. Spécialiste des évènements mondains et de la vie parisienne, Mars publie des albums. Initiateur des « Dîner du crayon » en mars 1890, il est membre de La Société des dessinateurs humoristes.
Il collabore avec de nombreux périodiques : Le Journal amusant (1871-1912), Monde comique (1872-75), au Charivari (1874-1903), L’Actualité (1876), L’Éclipse (1876-77), Petit Journal pour Rire (1878-98), La Presse Illustrée (1880), Almanach pour Rire (1880-99), La Vie moderne (1881-85), Le Monde illustré (1881-86), La Vie élégante (1882), La Revue pour Tous (1882-83), Les Premières Illustrées (1882-1886), L’Art et la Mode (1882-94), Le Monde Militaire, La Vie militaire illustrée, Almanach du Petit Journal, Almanach Comique (1883), Almanach du Figaro (1883-84), Agenda du Louvre (1883-87), La Vie Militaire (1884), L’Art, Almanach du Bavard (1885), Le Globe Illustré (1885-86), La Chronique Parisienne (1886-92), L’Illustration, (1886-93), La Revue illustrée (1886-95), Soleil du Dimanche (1889), Figaro Illustré (1893), Mère Cigogne Almanach (1893-94), Almanach Vermot (1896-97), Le Petit Bleu (1898), La Mode Artistique (1898-99), Le Rire (1900), Le Bon Vivant (1901-02), Medica, Mes Cartes Postales (1904), L’Indiscret (1905), Le Blaireau, Comedia, Comoedia illustré (1909), La Vie Parisienne, La Vie Amusante, Au Quartier Latin, Le Journal pour Tous, La Mode Contemporaine, Le Drapeau, Revue Thermale et balnéaire, Revue des Convalescents, ainsi que pour des revues belges et anglaises.
Maurice Bonvoisin meurt accidentellement des suites d’une fracture du crâne, le 27 mars 1912 à Monte-Carlo.
Auteur : Yann Gobert-Sergent