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LES 4 FOYERS ARTISTIQUES DE LA CÔTE D’OPALE

Dans les années 1880, nombre d’artistes cherchent à s’éloigner de leur atelier parisien afin de retrouver une inspiration plus authentique. A l’instar de la Bretagne, la Côte d’Opale devient l’une des destinations privilégiées par ces artistes en quête de renouveau. Dès 1882, le célèbre peintre Henri Le Sidaner s’installe à Etaples, bientôt suivi par Eugène Chigot et Emile Maillard, tous désireux de retranscrire la beauté naturelle et sauvage de la région, à l’instar de leur prédécesseur Eugène Boudin. Peu à peu, cette école prend forme et accueille des artistes étrangers venus du monde entier, des Britanniques, des Américains, des Australiens, …. Ce caractère cosmopolite anime alors l’Ecole d’Etaples.

À Boulogne-sur-Mer, où Edouard Manet passe dès 1864, de nombreux artistes parcourent la ville et ses quais pour nourrir leur pratique. L’arrivée du service de transmanche en 1843 permet l’affluence d’une foule d’artistes britanniques, tels qu’Hector Caffieri et Albert Ludovici. Une création culturelle intense occupe l’estran et le marché au poisson, servie par un grand nombre d’artistes, de la ville ou parfois de passage. Plus au sud, à Equihen, Jean-Charles Cazin accueille ses amis, le parisien Antoine Guillemet, le suisse Edmond de Palézieux, et bien d’autres, sur son vaste domaine accroché à la falaise. Il forme également des élèves, dont Georges Ricard-Cordingley. Sans créer une véritable école, Boulogne-sur-Mer et sa région demeurent un vivier de créations artistiques.

Plus au nord, le couple de peintres Adrien Demont et Virginie Demont-Breton s’établissent à Wissant vers 1890. Ils y construisent leur maison-atelier de style égyptisant, le Typhonium, sur les hauteurs du village. De jeunes artistes viennent y chercher conseil auprès d’eux, notamment Georges Maroniez, Fernand Stiévenart, Félix Planquette, tandis que d’autres déjà connus y passent des journées à traduire sur la toile des paysages ruraux ou marins, à l’instar du couple Duhem. Cette constellation d’artistes forme le Groupe Demont, aussi appelé l’Ecole de Wissant.

A Berck, grâce à la notoriété de l’hôpital maritime et à l’intérêt naissant des bains, les artistes fréquentent la côte assidûment. Sur les traces d’Edouard Manet venu en 1873 avec sa famille, ils viennent croquer des scènes de plage inspirées par les bateaux échoués sur l’estran, les pêcheuses portant leurs paniers, et les marins harassés au travail. Autour de Ludovic-Napoléon Lepic et de Francis Tattegrain, l’Ecole de Berck devient un foyer artistiques puissant et laisse un témoignage authentique de cette époque révolue.

Tous ces artistes de la Côte d’Opale se connaissent, s’influencent et échangent. Ils se retrouvent au sein des Salons régionaux à Boulogne-sur-Mer, Etaples, Douai et Roubaix. Les meilleurs d’entre eux dévoilent chaque année leur production dans les Salons parisiens, notamment au Salon des Artistes français. Leur succès officiel permet la diffusion de cet art maritime du Nord de la France, dans les musées nationaux et étrangers, et parfois dans les collections privées. Cette grande aventure picturale, qui occupe la Côte d’Opale en rassemblant plus de 200 artistes, prend brutalement fin à l’été 1914, victime de la Première guerre mondiale.