Né à Paris le 4 juillet 1848, Louis-Robert Carrier-Belleuse est issu d’une lignée d’artistes. Il est fils du sculpteur reconnu Albert-Ernest Carrier-Belleuse, dont il est l’élève. Il est également le frère du fameux peintre-pastelliste Pierre Carrier-Belleuse. À l’École des Beaux-arts de Paris, il suit les enseignements complémentaires des deux grands maîtres de l’époque, Gustave Boulanger et d’Alexandre Cabanel.

Louis-Robert Carrier-Belleuse reçoit un prix pour l’une de ses peintures au Salon de 1881. Il est également récompensé pour une sculpture au Salon de 1889. Il travaille au côté de son père en tant qu’artiste à la Manufacture de Sèvres, où ce dernier occupe le poste de directeur artistique depuis 1875. En 1877, il se forme à la céramique auprès de Théodore Deck, puis participe au concours de Sèvres en 1882. Outre ses activités à Sèvres, Louis-Robert dessine des modèles pour la Faïencerie de Choisy-le-Roi, dont il devient le directeur artistique en 1889. Son œuvre Porteurs de farine (Salon de 1885) remporte un franc succès, et le tableau est acquis par l’État.

Louis Carrier-Belleuse présente de nombreuses œuvres, des peintures et des sculptures, au Salon des Artistes français dont :

  • Albert-Ernest Carrier-Belleuse dans son atelier, 1874, musée de New-York
  • Une équipe de bitumiers, 1883, musée du Luxembourg
  • Porteurs de farine, 1885, Petit-Palais à Paris
  • Les Petits Ramoneurs, Une petite curieuse, Marchand de journaux, musée de Rochefort
  • Projet pour une coupe d’orfèvrerie, sanguine et craie blanche, musée d’Orsay
  • Les Joueurs d’échecs, musée de Besançon
  • Nymphe et satyre, marbre, musée des Beaux-arts de Nice
  • Monument National du Costa-Rica, 1891
  • Tombeau du président Reina Barrios, Guatemala, 1892

L’artiste présente au Salon des Artistes français de 1887 La salaison des harengs : souvenir de Boulogne-sur-Mer, qui reçoit un bon succès. Cette œuvre au format panoramique présente le grand port en pleine activité de retour de pêche. Le quai Gambetta accueille la flottille de harenguiers à voile, tandis que les matelotes s’activent à récupérer le poisson pour aller le vendre à la halle toute proche. Cette œuvre pittoresque annonce d’autres sujets maritimes que Louis Carrier-Belleuse présente au Salon à Paris et dans les Salons provinciaux.

Louis Carrier-Belleuse accompagne son frère Pierre Carrier-Belleuse ailleurs sur la Côte d’Opale, et notamment à Wissant. Pierre Carrier-Belleuse est en effet lié au couple Demont-Breton, célèbres artistes qui résident au Typhonium à Wissant. C’est là que Pierre emmène des danseuses de l’Opéra de Paris, afin de les peindre dénudées dans les dunes, dans une veine proche de l’Art Nouveau.

Quant à Louis Carrier-Belleuse, il s’active plutôt à peindre la plage, ses pêcheurs et ses bateaux, ses cabines et ses estivants, dans un style naturaliste aux teintes lumineuses. Sa production estivale reste réduite mais il laisse quelques vues pittoresques des plages du Nord, de Berck à Wissant, en passant par le quartier des marins de la Beurière à Boulogne-sur-Mer.

Dans cette vue de la plage de Berck, l’artiste décrit scrupuleusement les activités vers 1900. Grâce à l’Hôpital maritime, la ville de Berck bénéficie d’une grosse affluence, des malades en cure aux vacanciers. Les activités halieutiques ne sont pas en reste et les barques de pêche animent chaque jour la grève. Avec à une multitude de détails, l’artiste permet de rendre palpable cette agitation estivale désordonnée. Des élégantes endimanchées, parées de mille teintes, colorent le sable blond et se promènent en couple ou montées sur un âne. Les enfants s’amusent à réaliser des châteaux de sable, courent en riant et vont se tremper les pieds dans l’eau fraîche de la Manche. Les cabines de plage et les tentes aux couleurs vives flirtent avec les coques goudronnées. À peine esquissée, la mer s’aperçoit dans le lointain, comme écrasée par un gros nuage
menaçant.

L’artiste meurt le 14 juin 1913, après une carrière riche et célébrée, à l’instar de son père et de son frère.

Auteur : Yann Gobert-Sergent