Antoine Guillemet (1841-1918) – un grand peintre parisien sur les chemins d’Équihen

A la Belle Époque, les liens de cœur entre la Côte d’Opale et les artistes sont largement établis. Depuis plusieurs décennies, les progrès du chemin de fer associés à la « quête du pittoresque » amènent les jeunes artistes à quitter Paris pour gagner la province. Formées aux académies classiques, ces colonies d’artistes viennent parcourir le littoral boulonnais à la recherche d’endroits authentiques à la population laborieuse. Si Etaples, Berck et Wissant bénéficient d’une forte affluence, Équihen reste surtout connue pour accueillir la résidence et l’atelier de Jean-Charles Cazin, nichés au cœur des dunes protectrices. Après ses débuts de carrière à Paris, c’est d’ailleurs cet artiste renommé qui va faire découvrir Équihen à Antoine Guillemet. Si ses venues sont au début plutôt anecdotiques, rapidement, Antoine Guillemet va prendre l’habitude de venir croquer la côte et ses panoramas marins. Ainsi, jusqu’à sa mort, délaissant peu à peu considérations et distinctions parisiennes, Antoine Guillemet s’adonne à l’étude des paysages maritimes en traduisant, dans l’instant, sa vitalité et sa vérité, et en demeurant pour la postérité « un grand peintre parisien sur les chemins d’Équihen« .

Artiste célèbre de son temps, le parcours de vie de Jean-Baptiste Antoine Guillemet s’avère bien tracé. Né le 30 juin 1841 à Chantilly dans l’Oise, le jeune Antoine est le fils naturel de Louise de Rosoy, 36 ans, déclarée « rentière ». En fait, la famille maternelle vit confortablement et descend d’une lignée de riches armateurs rouennais. A l’âge de dix ans, l’enfant est finalement reconnu par son père, Arsace Guillemet, le 18 mai 1852. Cette proximité avec ses racines rouennaises va provoquer un réel intérêt de la part de Guillemet pour le monde maritime. L’enfant souhaite devenir marin, mais ses parents le destine plus raisonnablement au droit. A l’écoute de cet enfant prodigue, sa famille accepte son choix qui l’oriente vers l’art et la peinture. Il part à Paris. Cependant, toute sa vie durant, l’artiste n’oubliera pas ses origines et se partagera entre Paris, et sa vie tumultueuse, et la côte normande, plus calme et authentique.

Élève de Charles-François Daubigny (1817-1878), fameux peintre de Barbizon, Antoine Guillemet en reçoit une formation rigoureuse de peintre paysagiste. Dès 1859, sa carrière débute par la commande d’une copie de la célèbre toile de Géricault, « Le Radeau de la Méduse ». En 1861, il est présenté à Jean-Baptiste Corot (1796-1875) et à Paul Cézanne (1839-1906) par l’intermédiaire de Berthe Morisot. Dans un article qui lui est consacré en 1896, Antoine Guillemet rend hommage à ces influences : « Je suis un enfant trouvé de la peinture. Je me suis égaré dans les champs, sur les grèves, et j’ai admiré et je me suis efforcé de rendre ce que je voyais. Plus tard, respectueusement, je me suis rapproché Daubigny, de Corot notre père à tous ; j’ai reçu les conseils de Vollon…« . Dans ces années 1860, Guillemet poursuit son apprentissage en parcourant la campagne en compagnie de Karl Daubigny, le fils de son ancien maître. Sa rencontre avec Corot lui donne l’occasion de côtoyer de nombreux peintres de l’Avant-garde et de s’inscrire dans le mouvement des Impressionnistes. Il devient alors l’intime des plus Grands, d’Édouard Manet, de Camille Pissarro, de Paul Cézanne, d’Alfred Stevens, de Claude Monet et de Gustave Courbet.

Le 7 mai 1866, par l’intermédiaire de Paul Cézanne, Antoine Guillemet rencontre Émile Zola. Une longue amitié va s’installer entre les deux hommes, à travers notamment 121 lettres manuscrites, écrites de 1867 à 1901. L’écrivain possédera deux toiles de l’artiste, « Campagne d’Aix » (1866) et « Marine, Temps Gris » (1872), en qui il voit « le génie attendu« . Zola s’en inspire pour créer le personnage de Gagnière dans « L’Œuvre« , et demande à Guillemet en 1885 de le documenter sur la peinture. Cette rencontre oriente Guillemet vers le Naturalisme, mouvement artistique et littéraire qui tend à reproduire de manière objective la réalité. Dès ses premières lettres adressées à Zola, Guillemet déborde d’enthousiasme pour les jeunes artistes de la nouvelle école. Il admire Cézanne et présente, avec bonheur, la mise en œuvre de tableaux restés célèbres… Guillemet évoque Pissarro, Cézanne, Baille, Marion dans la première lettre (2 novembre 1866) si intéressante pour la biographie de ces jeunes hommes, encore inconnus à l’époque. Peintre paysagiste, Guillemet voyage alors beaucoup, à la recherche éternelle du motif inspirateur. Critique d’art et amateur de peinture paysagiste, Zola loue Guillemet à l’occasion du Salon de 1875 : « Un autre  élève de Corot, Guillemet, se distingue par une remarquable élégance… Il aime les larges horizons et les rend avec un luxe de détails qui ne nuit pas à la splendeur de l’ensemble« .

Au Salon de 1869, Édouard Manet présente « Le Balcon« , huile monumentale (170cm x 124cm), aujourd’hui accrochée aux cimaises du musée d’Orsay. La toile inspirée d’un tableau de Francisco Goya présente notamment Berthe Morisot (qui deviendra la belle-sœur de Manet) et Antoine Guillemet, représenté en costume sombre de dandy parisien, perdu dans ses pensées. Si l’œuvre est mal accueillie par la critique, encore rétive à la modernité de Manet, elle permet aujourd’hui d’appréhender la société bourgeoise et artistique de l’époque. « Le Balcon » est acquis par Gustave Caillebotte (1848-1894), puis légué à l’État après sa mort pour devenir une pièce maîtresse du musée parisien.

Durant une quarantaine d’années, Antoine Guillemet connaît un large succès qui ne se dément pas. En 1863, il passe à Villerville « ayant, après Daubigny, découvert ce trou à moules » et y revient tous les étés, sensible à la lumière tamisée de cette partie de la côte. A Villerville, Guillemet passe du temps en compagnie du peintre picard Ulysse Butin (1838-1883), qui néanmoins « ne lui permettait pas de l’observer peindre ses ciels » (1873). Après un refus en 1865, il participe au Salon de Paris régulièrement dès 1872, en croquant principalement des paysages normands (Cotentin), bretons et parisiens. De nombreux musées français accueillent ses œuvres, notamment : « Mer Basse à Villerville » (1872, mention Honorable) conservée au musée de Grenoble – « Bercy en Décembre » (1874, deuxième médaille) musée du Luxembourg à Paris – « Plage de Villerville » (1876) musée de Caen – « Village de Moret » (1876) musée des Pêcheries à Fécamp – « Falaises à Dieppe » (1877), musée de la ville – « La Plage de Villers » (1878) musée de Rouen – « Saint-Suliac » (1883) musée d’Amiens – « Le Hameau de Lendemer » (1886) musée de Bordeaux – « Carrières de Charenton » (1893) musée de Toulon – « Vue des Hauteurs de Belleville » (1897) appartient à la ville de Paris – « Le Loing à Moret » (1901) musée du Périgord – « Le Soir » (1908) musée de Nantes – « Les Rochers d’Équihen » (1910) musée de Rouen – « La Cité de Carcassonne » (1911) musée de la ville – « Les Dunes d’Équihen » (1912) musée de Saint-Denis.

Fort de ce succès, la notabilité d’Antoine Guillemet s’installe durablement. En 1880, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur, puis officier (1896) et commandeur (1910), recommandé par le fameux maître Léon Bonnat. Le 28 décembre 1882, il épouse Blanche Cabanier, d’une santé fragile, qui lui a donné une fille nommée Jeanne (née en 1877). Largement investi dans le monde artistique, il soutient Claude Monet, puis parvient surtout à imposer la seule toile de Paul Cézanne au Salon de 1882, qui est alors qualifié « d’élève de Guillemet« ! En avril 1883, il est très affecté par la disparition de son ami Édouard Manet. En janvier 1884, Guy de Maupassant lui dédie sa nouvelle « Le Baptême« . L’année suivante, l’écrivain lui fait référence en mentionnant que chez le banquier Walter « on voyait au centre du salon une grande toile de Guillemet, une plage de Normandie sous un ciel d’orage » (« Bel Ami« , 1885).

Le 2 avril 1889, sa femme Blanche décède de la tuberculose à Mantes-la-Jolie, à l’âge de 41 ans. Très affecté par ce drame familial, il écrit à son ami Zola : « Mon cher Émile, après plusieurs mois, je me proposais de venir passer quelques jours auprès de vous. […] Le vide que m’a laissé ma femme se creuse au lieu de se combler. Je me trouve horriblement seul et ma fillette est trop jeune pour remplacer sa mère. Je n’ai goût à rien, même à me mettre au travail » (Guillemet à Zola, Mantes-la-Jolie, 13 octobre 1889). Pourtant, Guillemet reprend goût à la vie. Il se remet à peindre et reprend ses pérégrinations en Bretagne, en Normandie, sur la Côte d’Azur, dans le Périgord et sur la Côte d’Opale. En 1893, il rencontre Cécile Durand, une jeune femme divorcée de 26 ans, qu’il emmène visiter Jersey. Sa fouge amoureuse lui fait dire à Zola qu’il pourrait déjà l’épouser! Mais c’est finalement sa fille Jeanne qui lui grille la politesse. Le 25 octobre 1897, elle prend pour mari le peintre de la Marine Pierre Delaistre (1865-1931) : « A son entrée à l’église, monsieur Guillemet accompagnait la fiancée qui portait une très jolie toilette en crêpe de Chine blanc, corsage plissé à la vierge, et au lieu du voile, une mantille en point d’Angleterre. Au milieu d’une grande affluence de notabilités mondaines et artistiques, on trouvait M. Benjamin Constant, Jean-Paul Laurens, Édouard Detaille, Émile Zola, … » (L’Écho de Paris, 28 octobre 1897). Le mariage rassemble le Tout-Paris artistique.

A l’Exposition Universelle de Paris en 1900, Guillemet connaît un vrai succès. Il y expose six toiles (vues de Paris et de la Normandie, reprises des Salons de 1891 à 1897). L’artiste apparaît être sympathique, ouvert et passionné par les jeunes artistes : « C’est un gamin normand affiné par Paris. Il a le rire franc et l’esprit bon garçon. Il est très aimé des jeunes qu’il conseille et dirige amicalement. Quant à ses compagnons de vie, ils l’ont en cette particulière amitié réservée aux simples, aux bons, aux grands » (Le Petit Bleu, 27 février 1900). Installé à Paris au 59 rue des Martyrs, l’artiste voyage au printemps et à l’automne à Équihen, puis passe l’été au château de la Gotherie (commune de Mareuil, Dordogne). Hésitant entre un « Naturalisme moderne et un Impressionniste timoré« , Guillemet enseigne ou prodigue des conseils à quelques jeunes peintres qui deviennent ses élèves : Antoine Allou, Émile Cagniart, Charles Diligeon, Paul Liot (au style très proche de Guillemet), Jean-Constant Pape, Paul Schmitt. En 1914, il expose deux dernières toiles au Salon à Paris, puis s’installe durablement dans le Périgord. Le 29 janvier, il épouse Cécile Durand. Ils vivent heureux au château de la Gotherie. Vieillissant mais toujours productif, Guillemet laisse de nombreuses études des alentours, paysages périgourdins teintés de poésie. Il s’y éteint le 19 mai 1918. Le Salon lui organise une rétrospective en 1920.

Au début de sa carrière, Guillemet croque des scènes parisiennes et des sujets normands, dans une sensibilité naturaliste, influencée par Emile Zola. Ses paysages sont alors empreints de la marque de son ancien maître Jean-Baptiste Corot, chef de file de l’École de Barbizon. Après sa rencontre avec les Impressionnistes, son style évolue et devient plus libre, plus évocateur, laissant libre place aux couleurs vives et aux ambiances poétiques.

C’est Jean-Charles Cazin, rencontré à Paris en 1863, qui va faire connaître Équihen à Guillemet. Peintre « expérimental« , attaché à la liberté créative, et détaché de toute école ou groupes d’artistes, Cazin expose alors sa première œuvre au Salon des Refusés, un « Souvenir des Dunes de Wissant« , aux côtés d’Édouard Manet, du portraitiste américain James Whistler, d’Alphonse Legros et du chef de file de l’École d’Arras, Constant Dutilleux, rencontré plutôt à Barbizon. Mais, le succès est des plus mitigés, la presse ignorant presque l’exposition. Les deux artistes se croisent ensuite plusieurs fois dans la capitale, lors d’expositions.

En 1886, Cazin acquiert à Équihen un terrain sur la côte, face à la mer, et y fait construire une grande maison. Cette bâtisse, qui va devenir le « Château Cazin », est alors un véritable écrin pour un bonheur familial, « à l’endroit où le plateau terrien finit, pour insensiblement se transformer en dunes« , selon le témoignage de son ami et historien Henri Malo. Quelques années plus tard, après la mort de Cazin (1901), Guillemet écrit : « Ma rencontre avait l’ami Cazin m’avait permis de connaître, bien plus tard, Équihen, si chère à mon inspiration. Cette charmante localité de Picardie offre au visiteur une nature vierge, des landes immaculées et sauvages, battues par une brise continue. Équihen était pour moi un véritable havre de paix,[…] moi qui suis toujours en quête de pittoresque et de paysages dunaires ». Jusqu’en 1914, l’artiste présente plusieurs œuvres importantes, figurant des paysages marins croqués à Équihen. En marge des œuvres présentées au Salon, il laisse également nombre de vues équihennoises, des études de plein air, au petit format, réalisées sur panneau de bois, au trait simplifié servi d’une touche nerveuse.

La première œuvre qui atteste la présence de Guillemet dans le Boulonnais est « Chaumière à Équihen« , montrée au Salon d’art de Lyon en 1903. Après ce tableau, non localisé actuellement, l’artiste expose de nombreux sujets récurrents de dunes et de côtes de la région. Depuis la mort de Jean-Charles Cazin, il rend souvent visite à sa veuve Marie et se balade avec sa palette dans les garennes, à la recherche de sujets à croquer en plein air, à la manière de ses amis Impressionnistes. 

Trois toiles impressionnantes exécutées à Équihen sont conservées aujourd’hui au prestigieux musée d’Orsay. Elles révèlent les qualités techniques maitrisées par l’artiste : « Équihen » (Salon de 1907), « Lever de Lune » (acquis par l’État en 1914) et « Le Soir dans les Dunes à Équihen » (acquis par l’État en 1916). La plus petite, « Levée de Lune » (huile sur toile, 65cm x 92cm), montre un espace partagé entre un ciel bleu et une colline verdoyante. Sous une lune bienveillante, de petits chemins rejoignent trois quilles-en-l’air, blotties en hauteur. Scène silencieuse par excellence, cette œuvre, vide de personnages, semble animée par la seule lumière lunaire. Reprises dans plusieurs études, les quilles-en-l’air demeurent une curiosité pour l’artiste, tout comme à l’époque, pour le peintre Edmond de Palézieux (1850-1924). « Le Soir dans les Dunes à Équihen » offre un panorama dunaire divisé en son centre par un chemin, servi de camaïeux de verts et d’ocres. Le ciel accueille un croissant de lune qui se reflète au loin dans la mer, à peine visible, noyée entre deux massifs de sable. Peu abondants, la végétation et les arbres entament une courbe naturelle forcée par les vents prégnants. Perdues dans ce paysage poétique, aux frontières du Symbolisme, trois silhouettes à la peine rentrent de la moisson de la mer.

Réalisée en 1905, puis présentée au Salon de 1907, la « Falaise d’Équihen« , conservée au musée des Augustins à Toulouse, révèle la passion de l’artiste pour cette côte sauvage. Au premier plan, sur une moitié coupée en diagonale, la falaise, herbue et descendante, est servie d’un camaïeu de jaunes et de verts tendres. Des toits rouges vifs, typiques de la région, structure la scène et relève la palette chromatique sobre. Le ciel bleu, taché de gros nuages gris menaçants, amène un contraste et quelques touches lumineuses. Réduite à la portion congrue en contrebas, la mer se brise magistralement sur de sombres récifs. « La Vallée d’Équihen » est présentée au Salon de 1909, puis l’année suivante à l’Exposition Internationale de Bruxelles. Un groupe de femmes de pêcheur descend le long d’un chemin, face à la mer et au vent, pour regagner les maisons lointaines accrochées à la côte. Le tableau est conservé au musée Fabre à Montpellier.

En 1910, Antoine Guillemet participe aux expositions d’Art de Berlin et de Bruxelles et, malgré tout, présente au Salon de 1910 « Les Rochers d’Équihen« , huile monumentale (200cm x 130cm). Déjà acquise par l’historien Jules Adeline (1845-1909), conservée aujourd’hui au musée des Beaux-arts de Rouen, cette grande toile s’inscrit dans la continuité de son œuvre. Elle décrit une large côte rocheuse omniprésente, travaillée en relief, battue par les embruns marins. Au loin, on distingue les tuiles orangées des maisons abritées sur la crête. Traversant timidement ce paysage austère, un petit chemin longe la falaise et accueille quelques pêcheuses, esquissées avec leurs mannes (panier d’osier pour le transport du poisson) et leurs coiffes traditionnelles. Le ciel et la mer, mouvementé et agitée, agrémentent l’ensemble.

D’autres scènes plus champêtres se manifestent dans l’œuvre équihennoise de Guillemet, par de grandes toiles qu’il envoie au Salon, ainsi que par des études plus modestes de la campagne, de ses masures et de ses moulins. Du « 15 au 20 avril 1914, après une promenade le matin« , Antoine Guillemet fait un dernier passage à Équihen, où il laisse plusieurs études de la côte, son sujet de prédilection, dans une ambiance de plus en plus évocatrice.

Depuis sa découverte d’Équihen dans les années 1890, la passion d’Antoine Guillemet pour cette côte sauvage ne faiblit pas, et semble même grandir au fil des ans. Loin des vicissitudes de la vie quotidienne et des tracas parisiens, Guillemet vient chercher à Équihen un havre de paix propice à une inspiration féconde. Certes, les sujets sont récurrents, répétitifs, mais la poésie de l’exécution est toujours prégnante. Portée aux nues, la Nature est glorifiée dans son simple appareil, les éléments naturels apparaissent puissants et rudes, alors que la figure humaine, souvent des matelotes écrasées par le poids de paniers disproportionnés, semble anecdotique, presque absente.

Dans son œuvre, le superflu disparaît pour rendre à la Nature son seul impact. Servi par des détails précis et des couleurs sereines, dans un cadrage presque photographique, les tableaux de Guillemet se jouent de jeux d’eau, d’air et de lumière qui apportent un sentiment de pureté du monde. A la fois sobre et complexe, l’œuvre de Guillemet se montre discret par sa maîtrise et attachant par sa composition, toujours émotive. Si la Normandie a maintes fois reconnu et consacré ce grand peintre paysagiste, la Côte d’Opale doit se souvenir de cet artiste authentique qui a cheminé sur les pentes escarpées d’Équihen durant une bonne dizaine d’années. Antoine Guillemet reste aussi le témoin et l’acteur privilégié de l’époque des bons artistes, qui ont marqué et marquent toujours et encore la grande histoire de l’art.

Auteur : Yann Gobert-Sergent