Né à Douai le 25 octobre 1851, alors riche préfecture du Nord de la France, Adrien Demont est issu d’une famille de notables et de juristes. Après avoir entamé des études de droit, il s’engage comme volontaire dans la guerre franco-allemande de 1870. À son retour à Douai, il se consacre pleinement à la peinture, particulièrement aux paysages. Il reçoit une première formation artistique à Douai, collabore avec Émile Breton (frère du grand peintre Jules Breton), et rencontre en 1871 Camille Corot, venu dans la région de Douai. Par la suite, il se rend à Paris, où il travaille dans l’atelier de Joseph Blanc.
En 1880, il épouse la fille du peintre Jules Breton, qui prendra désormais le nom de Virginie Demont-Breton. Ensemble, ils auront trois filles : Louise, Adrienne et Éliane. Le couple s’installe d’abord à Montgeron, puis, en 1881, découvre le village de Wissant sur la Côte d’Opale, entre les caps Blanc-Nez et Gris-Nez. Ils décident de s’y établir et y font construire une villa néo-égyptienne, le Typhonium, en 1891. Avec son épouse, il y peint les landes et les pêcheurs de Wissant. En 1890, il devient membre du jury et du comité du Salon des Artistes français.
S’il peint de nombreuses œuvres grandiloquentes, comme cela se pratique à l’époque, reprenant des thèmes bibliques ou historiques, Adrien Demont s’oriente rapidement dans la description des paysages wissantais, des plages ou dunes champêtres. Il expose régulièrement au Salon à Paris à partir de 1875, et aussi en province, à Valenciennes dès 1870, à Douai dès 1872, à Rouen, Bordeaux, Dijon, …
En 1929, le biographe Emile Langlade raconte : « Pour lui le pays de Wissant avait conservé tout son charme car sa figure dessinée par les siècles, n’avait pas été modifiée par la main des hommes. Il n’y avait ni gare, ni usines ; mais une population de marins vivait du produit de la pêche, en courant les mers environnantes sur leurs simples barques à voiles non pontées, comme leurs ancêtres lointains. Maintenant, la nuit, le phare tournant du Gris-nez, de son pinceau de lumière fait surgir de l’ombre, comme une vision de l’antique un temple de style égyptien qui domine toute la région du Blanc-Nez au Gris-nez. Dédié à Typhon, le Dieu des Tempêtes, ce temple n’est autre que le Typhonium, la demeure que Demont s’est fait construire au milieu des sables et des oyats. »
Un cercle d’élèves se forme autour du couple, comprenant Georges Maroniez, Fernand Stiévenart, Henri Duhem de Douai, et Félix Planquette d’Arras. Ces artistes se retrouvent à l’École de Wissant, qui prospère de 1890 jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le couple Virginie Demont-Breton reçoit, conseille et aide à exposer leurs amis artistes. Adrien fait entrer Valentine Pèpe au Salon des Artistes français, soutient ses amis Fernand Stiévenart et Georges Maroniez.
En 1905, Adrien Demont est nommé Rosati d’honneur. Lauréat de la médaille d’or aux Expositions universelles de 1889 et 1900, une exposition rétrospective de ses œuvres est organisée en 1912 à la Galerie Georges Petit. En 1927, Adrien Demont publie à Arras un livre de souvenirs intitulé « Souvenances. Promenades à travers ma vie », offrant un aperçu détaillé de la vie dans le nord de la France et du milieu artistique de l’époque.
Emile Langlade rappelle : « Les honneurs ne lui ont pas manqué. Il les méritait amplement. Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1891, il devint Officier en 1906. Il était décoré de plusieurs ordres étrangers. Et, en 1905, les Rosati estimant qu’il appartenait à l’élite intellectuelle et artistique du Nord de la France, lui rendirent à Fontenay, les honneurs de la
Rose. Dans le discours qu’il prononça pour les remercier, il trouva ce mot charmant : Celui qui a dit : Nulle rose sans
épine, n’était certainement pas venu en cueillir à Fontenay« .
Les œuvres d’Adrien Demont sont conservées au palais des Beaux-Arts de Lille, au musée des Beaux-Arts d’Arras, ainsi que dans les musées de Douai, Saint-Omer, Valenciennes, et Évreux.
Auteur : Yann Gobert-Sergent