Auguste Delacroix (1809-1868) – peintre pionnier boulonnais

Auguste Delacroix (1809-1868) est un peintre emblématique de Boulogne-sur-Mer. Né et mort à Boulogne-sur-Mer (1809-1868), issu d’une famille locale d’artisans-horlogers, son enfance est baignée dans un milieu exigeant, qui influence sa précision technique pour la peinture et l’aquarelle qu’il maîtrise parfaitement. Si son histoire est peu documentée, on sait qu’il émerge dans le sillage de l’école de dessin de Boulogne (créée en 1819), foyer artistique stimulé par le développement balnéaire, notamment avec le casino, et l’arrivée du chemin de fer.

Ses débuts sont plutôt militaires. Il peint des scènes napoléoniennes en petits formats, suivant la mode de l’époque. Dans les années 1840, il se spécialise dans l’art de la mer et se consacre aux paysages maritimes boulonnais, produisant, quelques huiles pour le Salon à Paris, comme L’Attente des pêcheurs (1834, château-musée de Boulogne). Il réalise aussi des séries d’aquarelles en grand nombre, dépeignant des scènes de plage ou des femmes de pêcheurs dans un style pittoresque, mais parfois répétitif.

Il voyage beaucoup et cède à la mode orientaliste, séjourne au Maroc et en Algérie vers 1849-1850, réalisant des dessins et aquarelles (ex. : Tanger, octobre 1850, Victoria & Albert Museum). Ces œuvres ajoutent une dimension ethnographique à son répertoire.

Il expose régulièrement de 1835 à 1865 au Salon de Paris, remportant : un Médaille de 3ᵉ classe (1839), une Médaille de 2ᵉ classe (1841), et une Médaille de 1ʳᵉ classe (1846). L’État achète Bénédiction de la mer (1867) pour le musée de Boulogne. Ses œuvres sont conservées à La Rochelle, Reims, Marseille, et dans des musées internationaux (Londres, Brooklyn, Athènes).

L’artiste s’inscrit dans le Romantisme et le Naturalisme, usant de couleurs vives, de compositions théâtrales et d’éclairages dramatiques, mêlés à un souci descriptif des communautés côtières. Sa production est contrastée, car si ses huiles montrent une réelle ambition (ex. : Promenade sur la grève, Dieppe), ses aquarelles sérielles sont jugées « manquant d’ampleur » malgré leur charme pittoresque. Après 1865, il s’installe en Italie et peint de la main gauche à la suite d’une paralysie. Il illustre un traité d’aquarelle publié après sa mort (1872).

Auguste Delacroix incarne l’essor culturel de Boulogne au XIXᵉ siècle, aux d’Henri-Toussaint Gobert et de sa fille Julie Gobert, premiers artistes boulonnais connus. Son attachement au territoire, malgré ses nombreux voyages, reflète le dynamisme d’une ville devenue « havre artistique » grâce à son ouverture maritime et sa bourgeoisie éclairée. Si sa production sérielle limite parfois son envergure, ses explorations techniques (aquarelle, orientalisme) et son ancrage local en font une figure incontournable de l’école boulonnaise.

Auteur : Yann Gobert-Sergent